○ May our failures rest in peace.

i. Marta, c'était Marco. Avant, dans une autre vie, dépourvue d'hormones et de bistouri. Aujourd'hui, elle s'est simplement débarrassé du superflu, comme une coque vide que l'on jette au torrent. ii. La mère représentait la fascination. Partie dans les bras d'une autre, Marta s'est sentie dépourvue, seule. Elle était la seule femme de la maison mais à l'époque, personne ne le voyait. iii. Le père a misé sur ses fils, ses seuls trésors, la femme partie ayant mis à mal des années d'amour. Marco, l'aîné de quelques minutes, il l'a pris sous son aile plus que de raison. Chasse, jeu de ballon, voiture et sport de combat. Il sera un homme ou ne sera pas. iv. La frustration s'est amoncelée, avec les années. Si bien que sa seule échappatoire, c'était le punching-ball contre lequel ses poings s'engouffraient. Encore et toujours. v. Des poings, elle en a connu. Ceux de gosses du village, à s'écraser sur sa face de fiotte. Ou ceux du Père, ivre d'éthanol, répandant son fiel. C'était rare. Mais c'était là. vi. Elevée dans le bon sens judéo-chrétien si cher au coeur du christ pendu dans la salle à manger, Marta a pourtant sa propre conception de la chose. Convaincue qu'un Dieu sommeille en chacun de nous, elle ne voit la Mort que comme la fin d'une échappée sur Terre. Et elle ne regrette en rien l'idée d'y mettre fin pour les autres. Qu'ils aient de quoi méditer. Ailleurs. vii. Toute petite, en secret, dans le corps déformé, elle aimait se cacher dans les placards. En silence, volant au village tout un tas d'artifices on ne peut plus féminin, codifiés selon le bon goût de la morale. Elle en parait ses lippes, ses yeux, son attitude et le miroir l'observait en retour. Souvent, elle en pleurait. viii. Elle nourrit depuis toujours une passion secrète pour les êtres ailés, de couleurs hallucinées. Les papillons sont sa source d'inspiration. D'une légèreté éphémère qu'elle aimerait pouvoir atteindre. ix. Le seul souvenir de sa mère est un collier de perles qu'elle retrouva un jour au grenier, oublié. Chaque boule de nacre lui rappelle un instant avec elle. Et Marta ne le quitte jamais, qu'il soit dans sa poche, ou autour de son nouveau cou de cygne. x. Elle n'a confiance qu'en elle-même, et Lino. La seule et unique personne qui ne partage son sang et qui représente une forme d'attachement, c'est son psychiatre, qui la suit depuis le début de sa renaissance. Source de plusieurs échappées vers Florence, Marta l'aime comme un proche, plus encore qu'un Messie qui l'aurait aidé à retrouver sa véritable nature.