« C’était ça, le plus grand plaisir de l’existence : être adulée, aspirer les autre par un dispositif qui les gardait à distance, se remplir des autres sans les prendre, s’emparer de leur amour, sans le leur rendre. »
◘ Elle quémande sévèrement le ciel et tout son contenu. De richesses, Dalila en est affamée. De fioritures en artifices, elle glane l'attention de tout un chacun, déambulant telle une reine sur le pavé sale de son existence, armée de ses mensonges et de ses coruscants bijoux pour musser le désert en son cœur.
◘ Car si la femme clame incessamment à son mari sa vilaine infidélité, elle est tristesse tout en dedans et rien de ses amours factices ne peut ressusciter son palpitant. Autrefois adulée par un homme pour qui l'organe-tambour s'excite toujours, ne lui reste que les ruines d'un sentiment qui s'affadit mystérieusement. Odieuse d'orgueil, elle n'avoue pas ses peines.
« Raul, si tu ne m'aimes pas ce soir, j'irai me faire aimer par un autre, lui arrive-t-il de pépier, détestable au possible. » Ses menaces n'ébranlent point son mari. Si cette déclaration l'indiffère, qui se préoccupe alors de savoir s'il en découle une véritable exécution ? Personne. Elle est froissée, la dame, mais pis encore, madame est blessée. Alors qu'elle se blottit dans les bras de plus riche que lui, qui, vraiment, serait choqué des mensonges dont elle gave son cœur ?
◘ En ménage depuis une décennie, Dalila ressent de plus en plus le besoin d'avoir des enfants. Si Raul lui en avait fait miroiter la possibilité, autrefois, il refuse aujourd'hui avec violence ce projet de famille, quand bien même elle se tache les genoux et s'éraille la trachée sur moult suppliques. Elle ne comprend pas ce revirement, peut-être parce qu'elle ne sait pas tout.
◘ À l'aube de la quarantaine, elle charrie derrière elle les lambeaux de sa brillante carrière. Elle ne supporte pas l'idée de la vieillesse, pas plus que celle d'avoir été congédiée pour quelques rides. Sa conception de la beauté et l'importance superficielle qu'elle lui accorde va de pair avec l'amour de Raul pour les apparences.
◘ Elle est trop égocentrique, trop aveugle, trop axée sur ce qu'elle envie pour ne serait-ce se soucier du sort de ces catins. Elle ne sait pas tout de la seconde carrière de Raul. Les yeux mi-clos, elle pense qu'il gère les prostituées consentantes, sans se douter que la jeunesse est entrainée contre son gré entre les griffes des Donatello et que ces miséreuses sont plus objets que femmes.
◘ Poudre aux narines, plaisir dans les veines ; elle remercie ces ivresses délétères d'exister pour gommer ses chagrins. Elle s'est noyée dans ces substances lorsqu'elle était modèle, s'en est sortie grâce à Raul, et voilà qu'elle lorgne derechef cette solution depuis que l'amour n'est plus.
NOTA BENE◘ L'histoire dans son ensemble est laissée à votre entière discrétion, si ce n'est les quelques détails étayés ici. Essayez autant que faire se peut de rester logique avec le portrait global de la typesse, en espérant quoi qu'il en soit que cette maigre exigence ne freine pas vos élans de créativité.
◘ Raul a le cœur malade. Survivant d'une idylle de deux ans avec sa tendre Pia, alors au crépuscule de sa jeunesse, il peine aujourd'hui à retourner à ses anciennes amours, freiné par le fantôme de sa nymphette et par les caprices de ses affects. Avec effroi et honte, il se rend compte que son bonheur se terre uniquement en les visages juvéniles, en les petits corps étroits, en ces innocences éphémères et que sa femme, pour qui il éprouve dorénavant du dégoût, ne saurait égaler la perfection d'une Pia qui manque cruellement à ce cœur égrotant.