naviguer entre les rives - enzo

MELCHIORRE ▲ « votre mère a eu un accident de voiture. elle est morte. » coup de poignard dans le palpitant qui loupe un ou deux battements, comme si le sang se répend dans son propre corps sans plus aucun contrôle, le souffle se bloque dans la poitrine, mais la figure paternel a déjà fait demi tour, il s'est retourné sans un regard en arrière, comme d'habitude, le visage sévère et fermé de l'homme grâce a qui il est vivant. enzo s'autorise à respirer, il observe d'un coup d'œil ses frères et sa sœur, ses mains serrent avec acharnement le collier d'or autour de son coup, les larmes menacent de monter, mais enzo, il a pas le droit de les laisser couler, enzo, c'est un mec, c'est pas une nana qui pleure pour ce genre de truc, mais ça lui fait un coup, c'est violent comme annonce, ca arrache le cœur et ça fait tourner la tête. c'est fini. il n'entendra plus la voix douce, ne sentira plus la peau diaphane contre sa joue quand il a besoin d'un quelconque réconfort, il peut faire une croix dessus, parce que personne ne pourra remplacer sa mère défunte.

FLORIAN ▲ l'eau brûlante s'écrase sur les épaules nues et ruissellent le long du corps épuisé, l'avant bras appuyer contre la paroi en carrelage, il laisse le liquide détendre ses muscles crispés par le sport trop prononcé. enzo, il est pas du genre à aimer les douches communes de son université, mais il a pas l'choix, pour le moment il préfère attendre que les autres s'en aillent, y'a un truc qu'il aime pas chez lui, il saurait pas dire quoi, un truc qui bloque quand il renvoie son propre reflet dans le miroir. le bruit soudain, il se fige, tourne à peine la tête, laisse l'eau couler le long de son visage et tourne de nouveau la tête en apercevant la silhouette familière « flo' tu m'as fais peur, je pensais que tu rentrais directement. » lui, c'est sans doute le seul face à qui enzo il peut se retrouver totalement à poil qu'il s'en fiche, parce qu'il le connaît depuis qu'il est gosse, qu'il a apprit à marcher avec lui, à lire, à écrire, aussi loin que ses souvenirs peuvent remonter, il l'a toujours connu, c'est comme un jumeau qu'il a jamais eu. y'a le silence qui prend place de nouveau, mais enzo, il entend les bruits de pas mouillés sur le sol, ses yeux se ferment de nouveau, vulnérable qu'il se sent quand même, le gosse, puis il sent la chaleur tout près de son propre corps « tu fous quoi flo ?! » et pourtant, il repousse pas les mains qui se posent sur ses épaules, il retient son souffle, son corps tout entier frissonne, ça réveille un truc ce contact, un truc qui aurait du l'effrayer, le pousse à fuir, mais les mains s'égarent déjà sur la peau pâle, enzo, il a envie de se retourner, mais il ose pas affronter le regard et les pensées, il aime déjà trop ça, il s'enflamme de l'intérieur, le déchaînement d'un quelque chose trop longtemps retenu s'en même s'en rendre compte, tout comme le faible gémissement qui s'échappe d'entre ses lèvres tremblantes. puis y'a tout qui tourne autour de lui, la chaleur et son souffle qui se perd quand les mains s'aventurent un peu plus loin, il se retourne et attrape les épaules de l'autre qui n'est pas plus vêtu, le plaque contre la paroi froide, le regard affamé et le corps tremblant qui rencontre l'autre, les lèvres s'arrachent dans quelque chose de bestial et de totalement incontrôlable, quelques caresses égarées et bientôt l'eau lave leurs pêchés, le regard se fait fuyant un cours instant puis y'a le fou rire, parce que la tension, elle s'accumulait depuis trop longtemps pour que ce soit normal.

MELCHIORRE ▲ « enzo. il faut qu'on parle. » ca annonce jamais rien de bon, quand le paternel arrive avec des paroles dans le genre, enzo, il relève la tête pour croiser le regard froid, comme d'habitude, y'a pas besoin de mots en plus, le gosse il sait qu'il a rien d'autre à faire que de se lever pour rejoindre le géniteur dans son bureau, enzo, il le suit docilement. « ferme la porte. » il s'exécute, avant de s'avancer dans la pièce, il évite de penser au pire, il ne peut pas savoir après tout, enzo laisse ses lèvres se pincer un cours instant. « qui a-t-il ? » le silence flotte dans l'atmosphère, souvent annonciateur du pire, les pensées se bousculent dans son crâne, enzo, il sait pas quoi penser sur le moment et son père prend sans doute un malin plaisir à le faire patienter. « je me pose des questions. quand comptes-tu te marier ? » aie. le sujet qui blesse, délicat, dangereux, enzo, c'est l'équilibriste sur son fil, il a pas le droit à l'erreur, doit se trouver une excuse que melchiorre saura accepté, ou même y croire, histoire de. mais enzo, il avait pas prévus cette discussion si tôt, il connait les conviction de l'homme face à lui, mais il pensait pas que ca arriverait si vite, son cerveau, il tourne beaucoup trop rapidement pour qu'il puisse réfléchir correctement. puis y'a la porte de secours, la poupée qui débarque affolée pour une quelconque affaire, enzo, il écoute même pas, trop effrayé de la tournure possible de la discussion. « […] je m'en occupe. enzo, nous reparlerons plus tard. » il se contente de hocher la tête, infiniment soulagé, la pression retombe doucement, mais maintenant, enzo, il sait qu'il va devoir se chercher une bonne excuse, car la situation peut se reproduire à tout instant.

FLORIAN ▲ ça fait longtemps, elles sont loin, les après-midi à ne rien faire, chacun est partis faire sa vie de son côté, jamais trop loin de l'autre mais l'eau a terminée par couler sous les ponts, une sorte de rupture, pour mieux se retrouver quelques années plus tard, l'histoire de quelques heures secrètes et savourée, des baisers volés et des caresses volatiles. ca a toujours été particulier avec florian, ils sont restés amis, ca a jamais rien changé ce qu'il a pu se passer de physique entre eux. il sait pas s'il est amoureux enzo, peut être bien, parce qu'il n'arrive plus à se passer de la simple présence de son ami. ami ou amant ? il ne sait pas non plus, ils n'en ont jamais discuté, ça s'est fait naturellement. « on se perd sous les draps ? » c'est comme ça, ils s'oublient ensemble quand y'a un truc qui va pas, quand y'a ce besoin irrépressible de sentir le corps tremblant au plus près du sien, de toucher et de découvrir de nouveau la peau légèrement bronzée. son cœur bas la chamade une nouvelle fois, il a l'impression d'être autre part, dans un autre monde, loin, si loin du sien.