Lucia Marchisello - Dealeuse rousse.

Dans le crépuscule du mois de février, en Florence, Lucia pointa le bout de son nez, pour la première fois. Dans un monde incertain et ravageur, elle grandie dans une famille avec ses vices et ses fantômes. Fille unique d'Antonella et de Carlo, la petite rousse ne fait pas l'unanimité dans sa famille. La jeune femme n'a jamais été réellement proche de ses parents, surtout de son père qui a de gros problèmes d'alcool. Pour une petite fille âgée de cinq ans, qui désire se rapprocher de son père et d'avoir son attention, ce n'était pas le cas pour Lucia. Petite fille brisée et malheureuse, elle était comme un fantôme. Sa mère était infirmière et travaillait énormément, alors que son père était pompier qui préférait le whisky à sa fille. Il faut dire qu'elle n'est pas née dans la meilleure famille et dans le meilleur quartier. La peur constante que son père soit blessant avec elle, la peur grandissante que sa mère décide de la laisser tomber. Elle ne voulait pas être seule. Lucia avait des rêves, des rêves tellement plus grands qu'elle. Des rêves irréalisables, mais qui se réalisaient dans sa tête. « Un jour, je serai une grande chanteuse. » C'est ce qu'elle avait dit à ses parents. « Oublie ça, tu ne le seras jamais. » C'est ce que son père lui disait. Il ne voyait pas le potentiel de sa fille, le fait qu'elle pourrait réussir dans la vie. « Je ne serai jamais chanteuse. » Se disait-elle par la suite. La petite rousse continua de grandir dans l'idée que la vie était de la merde et qu'elle ne pouvait rien faire d'extraordinaire. Elle voyait ses parents malheureux, alors qu'ils avaient un métier merveilleux. Peu avant ses treize ans, son père se fit virer de son travail. Le pompier ne l'était plus. Il n'était plus qu'un pauvre alcoolique qui buvait de plus en plus, faisant peur à sa fille et à sa femme, mais cette dernière partait toujours de la maison, voulant être en sécurité. Elle n'emmenait jamais sa fille. Lucia se retrouvait toujours toute seule, devant se débrouiller comme une adulte. Elle appris rapidement à devoir être autonome et responsable. Elle faisait le ménage et les repas. Si son père n'était pas heureux, elle ne devait pas être près de lui. Lucia devait faire attention à elle. « Tout va bien aller, j'en suis certaine... » Non, rien n'allait bien dans sa petite vie minable d'adolescente sans rêve pour l'avenir, mais elle continuait de se dire ça, encore et encore, sans arrêt. À quinze ans, Lucia était une adolescente qui se découvrait en tant que jeune femme. Elle vivait ses hauts et ses bas, surtout ses bas, mais faisait comme si elle était réellement heureuse, comme si elle menait une vie de rêve comme ses amis qui avaient des parents aimants. En entrant chez elle, après une journée au lycée, elle vit le pire. Du sang en quantité industrielle. Partout, sur les murs, sur les planchers, dans toutes les pièces de la maison. Assassinats, meurtres de sang froid et cruels. Ses parents étaient morts, sans vie, froids comme de la pierre et durs comme de la glace. « Maman... papa... » Sans espoir. Tout était terminé. Lucia appela le 911 et les policiers vinrent sur place, pour comprendre ce qui s'était passé. Ils virent Lucia et allèrent vers elle. « Ça va petite chérie? » « Ne m'appelez pas ainsi. Je ne suis pas une chérie. » Caractère bien trempé bien développé, la nouvelle Lucia Marchisello était arrivée. Elle alla s'installer chez sa grand-mère maternelle. Elle n'avait pas le choix, c'était la seule famille qui lui restait. Une grand-mère qu'elle n'avait jamais vu et qu'elle ne connaissait pas. Lucia se retrouva devant une femme inconnue et étrangère pour elle. La jeune rousse se retrouvait encore seule. Sa grand-mère préférait prendre ses médicaments et dormir toute la journée que de s'occuper de sa petite-fille. « Tu es assez grande pour te débrouiller. » Oui, elle était assez grande, mais elle avait tellement besoin d'amour, mais elle se taisait. C'était mieux ainsi, mieux pour tout le monde. Par miracle, elle termina le lycée à dix-sept ans. C'est aussi à cet âge qu'elle fit ses valises et partie de la maison de sa grand-mère. « Bonne vie, grand-mère. » Elle ferma la porte et ne revint jamais chez elle. Lucia alla s'installer dans un appartement, tout en commençant un boulot de serveuse dans un restaurant, mais cela ne payait pas très bien. La jeune rousse avait de la difficulté à s'en sortir, avec le peu d'argent qu'elle gagnait et avec le peu d'expériences en travail. Il faut dire qu'elle n'est pas allée à l'université. Cela n'était pas fait pour elle. Lucia ne se voyait pas étudier encore quatre années pour ensuite exercer un métier qu'il n'allait pas lui plaire. La jeune femme continua tout de même, parce qu'elle n'avait pas le choix. Ce fut ainsi de longues années, venant alors ses vingt-cinq ans. Elle en avait marre. Lucia travaillait encore dans ce restaurant paumé et sans intérêt. Elle voulait faire autre chose mais quoi exactement? C'est alors qu'elle vit un homme venir vers elle. On avait l'impression qu'il avait vu en elle, une jeune femme dépressive qui avait besoin d'aide, une petite fille qui voulait faire quelque chose de plus important, de plus grand. « Tu veux faire un autre métier? Quelque chose qui te rapportera plus gros? » « Tout ce que vous voulez. » C'est ainsi qu'elle fit acceptée chez les Caravaggio. La drogue était au rendez-vous. Lucia devint une dealeuse, celle qui faisait le sale boulot, mais elle avait de besoin. Elle devint une droguée, une femme qui séduisait les hommes et les femmes pour avoir ce qu'elle voulait. Six années sont passées, âgée de trente et un an, Lucia continue de mener sa vie, avec ses vices et ses fantômes.