(affamés sont les damnés)

_ Camilo se drogue au paracétamol, ni plus ni moins. vous pouvez trouver ça stupide, enfantin, il a le droit ; c'est qu'un gamin. _ Camilo a peur du toucher des gens, peur de leurs mains sur lui, de ce qu'ils ont pu toucher avant, de ce qu'ils pourraient toucher après. _ Souffre d'une légère tendance à la paranoïa devenant, néanmoins, de plus en plus présente. _ Aime à se persuader lui-même de son insensibilité feinte. Violence simulée, dureté illusoire. Il est, en réalité, des plus délicats et passionné par les corps qu'il n'arrive pas même à effleurer. _ S'invente des troubles lorsqu'il n'en a pas, se réfugie dans la démence factice et, oh, si mal jouée qu'elle décocherait des sourires si elle ne devenait pas, doucement mais sûrement, authentique. _ Abstrait dans ses paroles qui partent d'un point pour en rejoindre un autre sans lien. Exècre les virtuoses de la diplomatie, qui brillent dans leur logique qu'il ne comprend pas toujours. _ Discret et méticuleux, comme un tueur en série. Il ne se dit plus j'ai tué, il oublie et passe à autre chose, tapi dans ses alogies. _ Il lui arrive de paniquer, puis de ne plus savoir à quel dessein. _ La pensée que les humains soient des bêtes ne l'effleure pas, il les considère comme des oeuvres d'art qu'il est trop ignorant pour comprendre. Se sent parfois un peu rabaissé face à l'homme. _ Lui, par contre, se voit dégradé au rang de bête assoiffé d'art abstrait, de corps dépecés, d'enveloppes charnelles vides des péchés dans lesquels il est trop facile de les faire tomber. Il croit en être immunisé, en tant qu'animal, ne se voit pas sombrer dans l'orgueil des fous.