mal aimée.

l'arrestation, « t'as fais quoi, papa? t'as fais quoi? des larmes silencieuses coulent le long de ses joues de porcelaine tandis que son frère la retient de force contre lui. elle se débat, la poupée. elle se débat autant qu'elle peut pour pouvoir sauter à la gorge de son idiot de père. elle est hystérique et elle hurle. les hommes qui sont venus chercher son père lui demandent de se calmer. lui disent que ça ira bien. rien n'ira. elle le sait, afra. elle le sait que trop bien. je t'avais dis d'arrêter! je t'avais dis de laisser tomber! je te hais, papa, je te hais! » ces mots là, elle ne les pense pas. il a été ignoble, le père de marzio, mais elle l'aime. elle l'aime à s'en briser le cœur. elle perd toute sa force et elle finit par s'arrêter de bouger. d'hurler du venin à son père. sa tête se place contre le cou de son frère et elle pleure encore plus. il la tient comme il ne l'a jamais tenu. il la serre comme s'il ne voulait pas qu'elle le quitte. elle voudrait tout quitter. s'enfuir loin de florence. loin de ce passé qui la suit. mais elle ne peut pas, afra. elle ne peut pas quitter son frère. elle ne peut juste pas. cette ville, c'est son point de repère. son pilier. la princesse aux cheveux d'or ne voit pas son père s'en aller. non, elle ne voit pas les larmes coulant sur son visage ou le regard plein de regret dans ses yeux de feu. ça n'a plus d'importance. « afra? la voix du grand frère résonne dans ses oreilles et elle relève la tête. les yeux rougis. le visage défiguré par la tristesse. la déception. la haine et l'amour mélangés. il est parti mais j'suis toujours là. tu le sais, pas vrai? j'te quitterai jamais. » ses lèvres se collent à son front. la poupée le serre un peu plus fort contre elle. ils ne sont plus que deux. les seuls de marzio. les isolés. les oubliés. seuls contre le monde entier.

le départ, elle se réveille. émerge. ses yeux ont du mal à s'ouvrir et la lumière les lui brûle. elle grogne, la poupée, puis un bras se pose sur son ventre. cette fois, ils sont bien ouverts. elle se lève précipitamment. sa tête lui fait un mal de chien. il y a un homme dans son lit. pas trop moche, il faut dire. elle ne se rappelle plus de rien. encore une fois, elle a dû boire des litres d'alcool pour se laisser aller. pour monter haut dans le ciel, jusqu'aux étoiles. elle se rhabille en vitesse, sort de la chambre et se barre sans rien dire. il n'y a rien à dire. jamais. elle ne laisse aucun mot, même pas son numéro. s'il avait été un bon coup, elle s'en rappellerait. ou peut-être pas. au pire, afra, elle n'en a rien à faire. les relations de plus d'un soir, ce n'est pas pour elle. puis, elle a fait un promesse à enzo. c'est lui qui partagera sa vie. pour le meilleur et pour le pire. elle se met à courir jusqu'à ne plus pouvoir respirer. elle a envie de vomir mais elle veut rentrer à la maison. retrouver son frère, sauter sur son lit pour le réveiller et lui faire un câlin avant qu'il ne se mette à l'insulter. les gens la regardent mal. en même temps, faut dire qu'elle ressemble à une folle avec ses cheveux en bataille et son maquillage défoncée sur le visage. elle ouvre la porte de l'appartement et marche doucement quand elle y rentre pour ne pas le réveiller tout de suite. ici, il fait noir. les volets sont fermés et aucune lumière n'est allumée. ça veut bien dire qu'il dort. du moins, c'est ce qu'elle croit. alors, elle rentre, boucles d'or. elle ne voit rien alors elle se contente de sauter sur le lit à l'aveuglette, peu importe si elle lui casse une jambe. il avait qu'à se lever avant son retour. sauf qu'il n'y a personne. pas la moindre présence. ses sourcils se froncent. « grand frère? » personne ne lui répond. elle panique, la poupée. elle sent la crise arriver. une boule se forme dans sa gorge. elle se lève, ouvre les volets, passe dans toutes les pièces qui s'offrent à elle. personne. juste personne. elle connaît, afar. elle sait qu'il ne serait pas parti de chez eux sans la voir revenir avant. elle sait qu'il y a un truc qui va pas. un truc qui cloche. ça se percute dans son crâne. elle suffoque, se laisse tomber contre le mur. les larmes d'or coulent encore. elles ne s'arrêtent plus. il y a un truc qui correspond pas. il sait, son frère. il sait qu'il faut pas partir comme ça. il sait qu'elle va paniquer. qu'elle va suffoquer. que ses démons vont danser. pourtant, il n'est pas là. elle est seule la de marzio. seule contre le monde entier.

l'infidèle, elle est au bar comme à son habitude. en même temps qu'elle sert les clients, elle bouge sur le rythme de la musique. elle dire bonsoir, merci, je vous en prie, de rien, mais afar, elle se fiche bien des gens qui l'entoure. elle entend que la musique. puis il y a cet homme qui s'assoit au bar. il a probablement la cinquantaine. comme son père. ça lui bousille le cœur d'y penser, parce qu'il est enfermé et pas elle. parce qu'elle est libre et pas lui. elle s'approche de lui, lui demande ce qu'il veut. « un verre de whisky, et vous. » la poupée ricane, se mord la lèvre. elle a envie de jouer, ce soir, parce qu'elle sait afar. « vous me prenez pour qui, monsieur? une prostituée? elle range une mèche rebelle derrière son oreille. avant qu'il n'ait eu le temps de répondre, elle va chercher une bouteille ainsi qu'un verre pour le servir. elle se déhanche au rythme des enceintes. un sourire en coin orne son visage alors qu'elle regarde, du coin de l’œil, l'homme la détailler. elle pose le verre devant lui et lui sert un fond de whisky. vous savez... je le suis peut-être. elle fait battre ses cils, le regarde d'un air aguicheur. elle se penche sur le comptoir et place ses lèvres à quelques centimètres de son oreille. mon service se termine dans dix minutes. restez et vous saurez qui je suis vraiment. » il est bouche-bée. l'homme ne dit rien et se contente de sourire haussant un sourcil, intrigué.
(...) dix minutes plus tard, il l'attend en dehors du bar. il lui offre sa main et elle la prend délicatement dans la sienne. le visage du cinquantenaire se rapproche de son oreille et il lui murmure quelques mots: « je suis impatient de savoir qui vous êtes réellement, mademoiselle. que direz vous d'aller chez moi? » elle laisse échapper un petit rire faussement satisfait. « avec plaisir, monsieur. » il prend son visage entre ses paumes et tente de poser ses lippes sur les siennes mais elle en a décidé autrement, la princesse aux cheveux d'or. alors, elle tourne légèrement la tête avec un sourire. il est amusé, elle peut le voir dans ses yeux. il l'emmène jusqu'à sa voiture, lui ouvre la porte et l'invite, d'un geste de la main, à rentrer dedans.
(...) elle est assise sur un somptueux canapé, les jambes croisées et le regard qui scanne les éléments qui l'entoure. ses iris se posent sur une photo en particulière. l'homme s'y trouve avec une femme et trois adorables enfants. elle a trouvé la faille et va l'exploiter. le jeu peut enfin commencer. il revient avec deux verres ainsi qu'une bouteille de vin. cette scène est un cliché mais afar se retient de l'affirmer. il lui sert un fond, comme elle avait pu le faire avec le whisky quelques minutes plus tôt, et lui tend le verre. elle le prend et le pose directement à ses lèvres. elle voit son regard qui change. il la désire. il la veut pour lui. mais elle, elle a un autre plan. elle va lui faire payer son infidélité. « qui êtes vous? » « soyez patient, vous l'apprendrez bien assez tôt. il se penche, l'infidèle. il se penche pour l'embrasser et, cette fois, elle le laisse faire. pas longtemps. juste assez pour qu'il pense l'avoir conquise. elle se décale avant que son corps ne se presse contre le sien et échange les rôles. la princesse se retrouve à assise sur ses genoux. un de ses doigts passe sur la bouche de l'homme lentement et elle mord, une fois de plus, sa lèvre inférieure. elle voit la flamme qui le consume de l'intérieur. il veut plus. ils veulent toujours plus. de l'autre main, elle descend l'une des bretelles, qui cachait son épaule, de sa robe et il vient directement posé ses lippes contre sa peau dénudée. en même temps, elle retire la veste du cinquantenaire avec cette même main - l'autre est occupée par le verre qu'elle n'a pas lâché. enfin, maintenant, elle l'a bel et bien lâché et il vient s'écraser sur le tapis. l'homme relève la tête en sursautant. lorsqu'il voit les bouts de verre et le vin qui est aspiré, il lui demande de se relever et il se dépêche d'aller trouver quelque chose pour nettoyer. bonne chance, pense-t-elle. elle profite, la poupée. elle profite de l'absence de l'infidèle pour prendre le portable, dans la veste de ce dernier, qu'elle avait remarqué au bar. évidemment, il n'y a pas de code. que les hommes peuvent être stupides, parfois, se dit-elle dans la tête. elle parcoure les messages, ce sera toujours plus facile que de chercher sa femme dans ses contacts. elle ne met pas longtemps à la trouver et appuie sur le bouton d'appel avant de le ranger là où elle l'a trouvé. à peine l'a-t-elle fait qu'il revient. je m'excuse, monsieur, je ne voulais pas tacher votre tapis et certainement pas gâcher le moment que nous passions. » une moue déforme les lèvres de la demoiselle. elle fait les yeux de chien battu et elle sait. elle sait qu'il va craquer. elle sait qu'il va vouloir la faire monter au septième ciel. la punir, pourquoi pas. « et puis merde. » il lâcha ce qu'il avait ramené et se jeta sur elle. leurs lèvres se collèrent encore. « vous m'enchantez, mademoiselle, dit-il entre deux baisers. » « vous aussi. si seulement, il savait. si seulement, il savait que sa femme est au bout du fil à l'entendre batifoler avec une demoiselle qui pourrait être sa fille. l'homme passe sa main en dessous de la robe de la poupée. ça la dégoûte. faut que ça s'arrête. alors, elle le pousse violemment et prend le portable sans qu'il ait le temps de réagir. allô? je ne connais ni votre nom, ni celui de votre mari, mais ce que je sais, c'est qu'il se joue de vous et se tape des jeunettes quand vous avez le dos tourné. le cinquantenaire resta paralysé. je vous invite à regarder les messages qui se trouvent dans son téléphone si vous ne me croyez pas. je m'excuse et je vous souhaite de trouver mieux que lui, bonne soirée. » ce n'est qu'au moment où elle raccroche qu'il commence à réagir. son regard n'est plus le même. la flamme de la haine brûle de l'océan. « sale pute! » il s'apprête à se jeter sur elle mais elle est plus rapide. la demoiselle attrape la bouteille sur la table avant de l'écraser contre son crâne à lui. un soupire de soulagement s'échappe de ses lèvres et elle se relève. elle remet sa robe en place avec un sourire satisfait au visage. « bonne chance pour régler les problèmes avec votre femme. j'espère que vous passerez une bonne nuit, monsieur. elle sort de l'appartement en récupérant sa veste. ses doigts viennent chercher son téléphone et elle tape un numéro qu'elle connaît par cœur. celui d'enzo. il décroche. tu veux venir boire un verre dans mon palace? je suis d'humeur à me bourrer la gueule. » la poupée n'est peut-être pas si seule que ça, au final.