the hallways they echoed and groaned.

один.
La tête collée contre la fenêtre de la voiture, tes yeux sont rivés sur le paysage qui t’entoure. D’un regard insouciant, tu contemples cette ville qui te semble si grande et majestueuse, bien trop belle pour être réelle.  Un cauchemar, c’est de cette manière que tu qualifiais ton arrivée en Toscane, alors que tu n’avais que six ans. La simple idée de quitter ton pays natal ne te donnais qu’une envie, sauter de cette voiture qui t’avais amenée jusqu’ici. Des monuments plus grands les uns que les autres, qui ne faisait que te donner l’impression d’être faible et minuscule face à la grandeur des lieux. Tu détestais cette ville, et cela dès ton arrivée. Tu ne comprenais tout simplement pas. Tu ne comprenais pas pourquoi être venues ici, dans ce pays où l’air chaud te donnais la nausée. Dans ce pays, qui semblait être tout l’opposé de celui auquel tu étais tant attachée. T’en avais posé des questions, mais tu étais bien évidemment « trop jeune pour comprendre », et cela ton père te l’avais bien fait comprendre. Du haut de tes un mètre vingt, tu arrivais cependant à cerner à travers les yeux de ton frère que celui-ci ne semblait pas plus heureux à cette idée que toi. Et cela n’allait pas aller en s’arrangeant. La barrière de la langue ne fit que mettre en valeur d’avantage le mal du pays que tu ressentais au fond de toi, et cela malgré les efforts que tu t’efforçais de faire. Un déménagement à l’autre bout du monde, ce n’est jamais vraiment l’idéal pour une gosse de six ans. C’est comme lui couper tous ses repères à la fois, lui arracher la seule chose dont elle pensait ne jamais devoir se séparer. C’est tout simplement lui arracher son cœur, et tout ce qui vas avec. Complètement désorientée, tu avais tout de même bien conscience de ce qui était en train de t’arriver. Tu jetas un regard à ton frère, lui qui te semblait être la dernière chose à laquelle tu pouvais te rattacher. Et pour la toute première fois depuis ton arrivée en Italie, tu lui souris. Un sourire sincère, un sourire qui lui prouva que tout ira bien. Tout ira bien, parce que vous êtes ensemble. Et parce qu’ensemble, vous êtes invincibles.

два.

Deux semaines. Cela fait désormais quinze jours que tu es enfermée ici, étant comme abandonnée. Complètement seule, avec cependant l’ombre de tes démons qui ne semblent jamais vouloir te quitter. Recroquevillée sur ton lit, tu fixes la porte de cette prison dans laquelle on t’a enfermée. Tu la fixes en continu, en espérant chaque jour un peu plus de la voir s’ouvrir, et ton frère qui te diras que tout est terminé. Mais plus t’espères, plus t’a l’impression que ce calvaire est loin d’être terminé. C’est tous les jours la même routine. La peser, les médocs, la bouffe, et toujours plus de médocs. Tu détestes être ici. Tu te détestes. Tu te détestes, et ça te déchire de l’intérieur petit à petit. Ça te consume, et t’es presque certaine que t’en a plus pour longtemps. D’ici là que tout le monde abandonne, toi y compris, tu n’auras plus besoin de te battre face à tout ça. Un jour, ils te regarderont et comprendront enfin que c’est peine perdue. Que t’es foutue, et que tous ces maudits efforts ne servent à rien. T’enfermer dans ce foutu centre ne sert à rien. T’en es persuadé, et ce n’est plus qu’une question de temps désormais. Donc tu attends. Tu fixes cette porte à travers la pièce sombre, sans vie.


Tremblante, tu posas un premier pied sur la balance. Tu jetas un regard en direction du docteur, qui te lança un sourire, confiant. C’était la dernière étape. Kit ou double. Ta liberté ne tenait plus qu’à un fil. Tu repensas à ces deux dernières années, qui t’ont semblé être les plus longues de ta vie. Deux années de souffrance, où tu as passé la majeure partie de ton temps à te battre contre toi-même. Le type de souffrance indescriptible, que personne ne peut comprendre, mis à part si on l’a nous-même vécu. Le genre de souffrance qui vous bouffe littéralement, et qui ne vous quitte jamais vraiment. C’est donc avec peur que tu déposes enfin ton deuxième pied sur cette balance, cette foutue balance qui t’a causé tant de problèmes jusqu’à ce jour ci. Tu lèves les yeux au ciel, implorant celui-ci de te laisser enfin un peu de répit après ces deux années de combat. Après quelques secondes assez intenses, tu baisse enfin les yeux en direction de l’aiguille rouge, qui vrille de droite à gauche jusqu’à se positionner sur ces quelques chiffres tant convoités. Tu sens à présent les larmes s’emparer de ton visage, et tu mets un instant à réaliser ce qui est en train de se produire. Mademoiselle Vasilyev, toutes mes félicitations. Instantanément, tu te jettes au coup du docteur, qui manque de près de tomber à terre. Tu sautes littéralement de joie, et tu n’as qu’une envie, c’est de courir lui annoncer. Tu ne prends même pas la peine de demander la permission, parce que tu es tout simplement libre. Tu te sens pousser des ailes, et tu croirais presque redevenir cette petite fille de cinq ans dont tu avais oublié l’existence. Tu traverses tout cet énorme bâtiment qui t’a servi d’exile durant ces dernières années, et tu rejoins enfin ton frère, qui t’attendais patiemment dans le hall comme il l’a toujours fait. Tu n’as pas besoin de prononcer un seul mot pour qu’il comprenne. Tu as réussi.

три.

Plongée dans la pénombre, tu comptes un par un ces quelques billets durement gagnés. Tu te demandes pour encore combien de temps tu vas tenir de cette manière, et surtout pour quelle raison t’es encore là, à trainer dans ces magouilles. Tu te le demandes encore, mais au fond tu sais pertinemment la raison pour laquelle t’es là. Pour lui, pour Akim. Ça a toujours été pour Akim. Tu n’as pas réfléchi une seule seconde avant de t’engager là-dedans, et ce n’est que maintenant que tu te rends compte de l’ampleur de la chose. T’a désormais conscience que t’es impliquée, et qu’il va falloir être prudente si tu ne veux pas finir au fond d’un caniveau. Et puis, d’un autre côté tu te dis que tu lui dois bien ça. Il a veillé sur toi pendant toutes ces années, et c’est désormais à ton tour de veiller sur lui. Bien sûr, tu sais aussi qu’il aura toujours l’impression que c’est à lui de s’occuper de toi. Mais t’es désormais bien assez grande, et t’as besoin de personne pour t’en sortir. Tu l’as prouvé une nouvelle fois aujourd’hui, en prenant d’énormes risques en dépassant la frontière. Tu l’aurais presque senti comme une promotion qu’on t’avait accordé, si seulement tu ne risquais pas ta vie à chaque minute passé au sein des Caravaggio. Akim. C’est devenu ta seule motivation, la seule chose qui te permets d’avancer et qui te donnes une raison d’être là aujourd’hui. Tu n’aimes vraiment pas le voir fourré dans ces histoires, mais maintenant t’es avec lui. Dans les bons comme dans les pires moments, c’est toujours sur quoi votre relation frère-sœur s’est basée. Tu serais prête à tout pour lui, et tu as bien conscience que cette affection que tu lui portes est réciproque. Alors tu glisses tes billets dans ta poche, et tu tentes d’oublier ces idées noires. Tu ne réfléchis plus. Tu fonces, et s’il faut tomber, tu tomberas. можно упасть, а подняться приказано.