(paradis artificiel) // aurora.

l'artiste de la famille. gamine aux doigts d'or. elle peint, elle émeut de son talent, elle laisse s'exprimer ses émotions les plus sombres au grès des toiles qui se succèdent. rêvant de voir son nom en haut de l'affiche, à défaut d'exister comme autre chose que la fille de monsieur verrochio. —  visage angélique. on lui donnerait le bon dieu en confession. sourire par-ci, par-là. elle sait charmer de son charisme et de ses airs enfantins. elle sait user de cette façade pour manipuler les autres à sa guise. derrière son masque, se cache une redoutable demoiselle. elle veut exister. vivre. ne plus se laisser dicter sa conduite par les hommes de la famille. et son caractère de feu risque bien de bientôt faire des étincelles. pour cramer les autres de son vrai visage. pour lui cramer le coeur d'une sensation de vie. — elle aime son père. elle aime ses frères. pourtant parfois, une espèce de haine vient lui dégommer les tripes. la haine d'être la fille de la famille. celle de n'être qu'une silhouette fine trop chétive à protéger. elle voudrait faire partir des affaires. marquer son empreinte dans le business. en vain. parce que son père l'en empêche. et que ses frères veillent. sa place, elle est pas où aurora le veut. pas question de se tâcher les mains de sang. de participer à ces desseins macabres. alors qu'au fond, elle en rêve. silencieusement. comme tout le temps. — elle n'a eu aucune histoire sérieuse. incapable de se poser. incapable d'aimer. elle préfère papillonner fin du regard des hommes verrochio. elle préfère user de son corps pour arracher des soupirs à des hommes avides de plaisir. pourtant, son père ne quitte pas l'idée de lui trouver un époux. un époux digne de son nom. digne de son rang. cause perdue pense-t-elle en souriant faussement à l'idée. — la demoiselle n'offre sa confiance qu'à peu de personne. elle n'a quasiment aucun ami et s'en sort très bien ainsi. hautaine, froide, les gens sont souvent rebutés à l'idée de lui parler. ça amuse la brune qui prend un malin plaisir à en jouer. —  la demoiselle s'est toujours sentie plus proche de son père que de sa mère. elle ne comprend pas cette dernière. ses silences. ses regards tristes. sa façon de laisser son époux agir comme bon lui semble. alors, fille choyée, fille chérie, elle use des nerfs de son père, les mettant souvent à rude épreuve. cela ne l'empêche pas de lui vouer un respect immense. — elle parle plusieurs langues et est d'ailleurs très intelligente. elle calcule tout ce qui se passe et ne laisse rien passer quand une chose lui déplaît. un caractère explosif qui peut d'ailleurs, parfois, lui causer bien des soucis. bien évidemment, elle s'en fiche. elle ne fait aucune concession. plus le temps passe, moins la brunette se laisse faire. et tant pis si cela ne plaît pas à tout le monde. — si son père refuse catégoriquement de la voir se mêler aux affaires de la famille, la belle ne perd pas de vue son envie d'émancipation. elle compte bien trouver un autre maillon. un truc à quoi se raccrocher pour pouvoir elle aussi démontrer ses capacités en matière de manipulation et de trafics. elle sait que ça va lui coûter cher, mais c'est qu'un mauvais moment à passer. elle veut déployer ses ailes, voler, réussir à exister, réussir à vivre sans ses chaînes d'or qui la retienne prisonnière. d'une vie dictée d'avance. d'une vie de sourires faussement réalistes. — aimant l'art, elle ne peut pas se passer des soirées mondaines dans les galeries de la ville. elle a un oeil de lynx pour dénicher des perles. elle a exposé plusieurs fois et compte bien marquer le monde de l'art de sa griffe talentueuse. — la brune est bornée au possible. ne laissant rien passer, elle sait ce qu'elle veut, quand elle le veut. elle n'aime pas avoir tord.  rancunière, elle n'offre pas son pardon. quand on trahi aurora, on paye le prix cher. elle n'a aucun mal à rayer les personnes perfides et grotesques de son existence.