ARE WE GONNA BE BONNIE AND CLYDE ?

(I) interné dans un asile psychiatrique à l'âge de quinze ans par sa famille dégénérée, croyante et pratiquante au possible. une mère à la paranoïa démentielle, clyde, qui a l'origine portait le nom ridicule de pio, ne s'en est jamais remis. considéré comme un fou, un pervers détraqué au sein d'un cercle familial sain, pour avoir à plusieurs reprises un peu trop approché l'intimité de sa demi soeur, le pauvre enfant se voit ausculté de partout, recevant des traitements qui ne lui conviennent pas. commencent alors ses crises de folies, réelles cette fois, engendrées par cet abus, qui ne servait à ses parents qu'à se débarrasser d'un enfant un peu mal dans sa peau, aux rêves loufoques mais n'ayant à quinze ans que sa petite âme de garçon florentin en quête de découvertes charnelles.
(II) c'est enfermé, pieds et poings liés qu'il a médité le plus. sur son sort, sa vie bousillée. c'est à cette période que son caractère inflammable s'est forgé. clyde c'est un bidon d’essence près à exploser à la moindre étincelle, ruminant sa rage et sa haine contre ses individus qui l'ont fait monter à l’échafaud sans raisons valables. gamin torturé n'ayant jamais reçu d'amour des bras d'une mère. enfant rejeté, n'ayant jamais connu la joie des chamailleries d'un père. la favorite, le beau dahlia noir de la famille, la demi soeur qui lui a tout pris, qui se pavane dans son royaume chauffé, loin de la peste et du choléra.
(III) asile mal famé, aux poches médicamenteuses infiltrées. là a débuté le petit commerce de clyde, incapable de souffrir la mort, simplement pour le bon vouloir de ses parents. essayant d'écraser la douleur sous les pilules qu'ils trouvaient, il en fit un business intérieur qui lui offrit de voir le monde en plus grand. une vie après l'affreuse descente aux enfers dans le gouffre qui lui tendait les bras. dealer. voilà ce qu'il ferait une fois sortie de cet asile.
(IV) pourtant au départ clyde c'était qu'un gosse. un gosse de riche, qui s'est jamais fait choyer comme les autres. mais il se taisait, fermant sa gueule, ne cherchant pas à piger quoi que ce soit, se contentant de ce qu'il avait. clyde il voulait simplement jouer avec les autres enfants, sauver les princesses et courir comme un garnement. mais clyde on l'a privé de tout ça. sans le prévenir, sans l'avertir. on l'a envoyé au fond du trou. on l'a simplement traîté de fou, de démon, de dévoreur de pureté, de tentateur de la virginité.
(V) avec les femmes clyde aurait du être un ange. à la place c'est un démon. il n'en aime aucune, et n'en aimera jamais aucune. il ne s'attache pas, il ne s'attache plus, c'est une règle simple et qui n'entache pas son amour des courbes féminines. les femmes c'est la seul chose qu'il peut obtenir sans remords, sans qu'on l'accuse d'être un voleur, un menteur, un tricheur. les femmes il les a, pour lui tout seul, pour son argent. elles sont son unique bien palpable. elles sont les écoulement de sa fortune.
(VI) la vengeance. vendetta. pour clyde c'est un mot d'ordre. un mot qui rythme sa vie à chaque instant. se venger. toujours et sans regrets. d'abord auprès de ses bourreaux de médecins, ses injections qui l'ont changé à vie. ensuite envers ceux qui ne paye pas leur dû. et enfin se venger d'eux. de ses géniteurs dont la culpabilité a été jetée au fond d'un trou. clyde lâchement oublié, leur appétit financier rassasié, le garnement aux mains baladeuses, charmeuses. loin d'être un tueur, clyde est bien décidé à voir leur sang s'écouler comme un volcan, jaillissant de leur montagne de billets de banque.
(VII) clyde l'incompris, clyde qu'on écrase de son mépris. un garçon à part, en marge, un rescapé d'asile, un brin de folie dont on ne veut pas voir le visage, aux mains salies par le mépris, repoussé dans le caniveau. on ferme ses fenêtres quand il passe au coin des rues, on lui crache dessus quand on aperçoit ses yeux veineux à la terrasse d'un café. clyde c'est la gangrène, clyde c'est la peste et le choléra. mais clyde de cette réputation mal famée il compte bien en jouer. il souhaite plus que tout qu'on le remarque, qu'on l'embauche. qu'on le prenne sous son aile pour un jour devenir plus grand qu'un autre. pour un jour enfin les écraser un à un.
(VIII) florence comme sa poche il connait, les moindres ruelles qui se transforment en passages secrets, en rendez vous de troc. clyde est une ombre dans florence, arpentant depuis tout jeune les dalles de la ville. après quatorze ans passé enfermé, il s'en souvient encore. c'est son labyrinthe, écho de son enfance qui resurgit dans un coin de sa mémoire.
(IX) le seul répit qu'on ai laissé à clyde c'est son violon. joueur prodige à l'âge de dix ans, il s'est bien vite dégradé en entrant à l'asile. quelques minutes par semaine on le laissait toucher à son instrument, seule évasion possible avant qu'il ne découvre le remède médicamenteux. néanmoins avant de s'enfuir de l'asile, clyde s'est emparé de son violon, unique compagnon de sa fugue. il le cache aujourd'hui, le considérant comme un rattachement à ce dont il souhaite se libérer, une entrave à sa renaissance.
(X) n'ayant ni famille, ni ami pour l'accueillir, clyde logea longtemps dans une auberge dont il pouvait seulement payer le prix d'une chambre miteuse, dans les bas fonds de florence. quotidien lugubre mais paisible du garçon était désormais libre de ses mouvements peut assouvir tous les péchés qu'il n'avait pu connaître ces derniers années. clyde est un diable, enfant chéri d'une florence corrompue, qui resta tapis encore quelques temps dans son ombre protectrice avant de se faire choper par plus grand que lui. c'est il y a peu que pio prit le surnom honorifique de clyde pour se lier à la famille caravaggio, soldat de plomb, exécuteur au coeur inexistant. il reste loyal, secret, insignifiant petit môme sans vague à la recherche d'un vengeance pour éliminer sa véritable famille démoniaque.