(bonnie) - women endure what men cannot bear

C'est dans l'enfance que l'adulte se construit et autant dire que la mienne n'a pas été des plus joyeuses et ordinaires du moins à partir de mes 8 ans. De ma naissance à cette date fatidique, j'avais eu une vie des plus banales, j'aimais courir dans les jardins verdoyantes de Pasadena, j'aimais aller jouer avec mes voisins, mes meilleurs amis, 3 garçons. Bugsy, Cole et Thédore. Loin des allures féminines que ma mère essayait de me donner et m'inculquer, je revenais souvent couverte de boue et bien souvent ma mère me disait cette phrase qui tournait en boucle dans ma tête : « Bonnie, regarde-moi ta robe, une vraie fille ne se salie pas comme ça et ne joue pas dans la boue. » ce à quoi mon père lui disait de me laisser tranquille. J'aimais mon père, vraiment, sauf qu'un jour ,un terrible accident marqua la fin de ses jours, mais aussi des miens. Son corps n'avait pas été découvert, apparemment perdu en mer, mais au fond de moi je sais qu'il y avait autre chose, que ce n'était pas un simple accident de pêche.

Quelques mois plus tard, ma mère, une femme de la haute et pour qui les apparences étaient tout, se mit avec un marin qui remplissait tous les critères qu'elle attendait. L'argent, la réputation et le charisme. Sauf que le petit hic de l'histoire c'est qu'il avait la boisson facile et il lui arrivait par moment, sous l'emprise de ce liquide d'abuser de moi... du moins ça c'était au début, plus les jours, les mois passaient, plus il ne prenait plus la peine de prendre cette excuses le lendemain, d'ailleurs, il n'y avait plus d'excuse. Petit à petit, je n'étais plus cette fille qui aimait courir dans les jardins boueux, je n'étais plus cette petite fille qui croquait la vie à pleine dent et qui revenait barbouillée de boue. Non, peu à peu je m'étais renfermée sur moi-même, bien que toutes raisons  pour sortir de cette cage doré étaient bonnes à prendre. Personne ne savait ce qu'il se passait derrière cette grande bâtisse, honteuse, je ne disais rien surtout que cet homme abjecte avait réussis à me faire douter sur mon implication dans l'histoire : « Mais tout est de ta faute Bonnie, c'est à cause de toi tout ça ... » Mais le jour de la délivrance arriva. Je me souviendrais toujours de ce jour, le 10 décembre. Il faisait froid et la neige avait recouverts le paysage de Pasadena. Tandis que je rentrais du collège ayant quitté les garçons quelques mètres plus haut, c'est une fois arrivée à la porte que je remarquais avoir oublié mes clés. Ne voulant pas prévenir mon beau-père de ma présence, j'étais passée par la porte vitrée de la cuisine sans tirer la sonnette et c'est en entrant dans la maison chauffée que j'entendais des gémissements de douleur comme si quelqu'un était en train d'agoniser. Dans mon fort intérieur j'espérais que ce soit mon beau-père, je fermais les yeux si fort pour que mon souhait se réalise, que lorsque je les ouvrais à nouveau, après avoir fait quelques pas, je remarquais que c'était lui. Une pointe de satisfaction s'emparait de moi, aucune douleur, aucune peur, mon cauchemars allait se terminer lorsque cette lueur lubrique dans ses yeux s'éteindrait. Le vice m'avait même poussé à me rapprocher pour le regarder perdre son souffle. Il y avait du sang sur le tapis persan, beaucoup de sang d'ailleurs, en cet instant je me souviens avoir pensé à ce que ma mère allait dire. Le nettoyage allait être difficile. Je ne parlais pas alors qu'il me demandait d'appeler les urgences. Je me souviens de ce sentiment de puissance que j'avais ressentie dans tout mon être ,mais surtout celui de vengeance qui m'avait donné l'euphorie pour le regarder mourir à petit feu et d'en d'atroces souffrances. Dans un dernier élan, il m'avait donné une gifle cuisante, pour que je garde la marque de ses doigts pendant un long moment ... pour réponse, j'avais appuyé sur sa blessure, une blessure qui semblait être pare-balle. Je ne savais pas qui est-ce qui avait fait ça, d'ailleurs à l'heure d'aujourd'hui, je ne sais toujours pas, mais à chaque instant de ma vie, je remercie mon sauveur du plus profond de mon cœur.

Cependant, croyez-moi ou non, mais c'est à l'âge de 18 ans vraiment que ma vie a basculée. Alors que je vivais depuis deux ans une idylle avec Clyde, mon premier amour - lui et moi avions décidé d'attendre notre majorité pour nous marier. Cependant, ma mère ne l'a jamais aimé et voyait d'un très mauvais œil cette relation si particulière que je vivais avec lui. Il s'opposa à cette union, mais bien décidée à me marier avec l'homme que j'aime - je pris le taureau par les cornes et pris la poudre d'escampette. Nous avons pris la route pour Florence - la ville où il est né. Nous avons vécu chez sa grand-mère, le temps de trouver un job et de trouver un appartement. Le jour du mariage, seule la famille de Clyde était là - pour la simple est bonne raison, que je n'ai pas invité la mienne - je ne voulais pas qu'elle soit présente pour le jour le plus heureux de ma vie et qu'elle le pourrisse avec leurs remarques désobligeantes. Après le mariage, les parents de Clyde nous ont payé un appartement pour qu'on puisse commencer à vivre notre vie de couple - puis, j'ai trouvé un emploi en tant que serveuse dans une boîte de strip-tease - quant à Clyde, il était videur dans cette même boîte parce qu'il avait peur pour moi et que je me fasse trop chambrer par les clients trop avenants et collants. Un soir, il n'est pas venu travailler - et le lendemain matin quand je suis rentrée à la maison - il était assis sur le canapé, les yeux dans le vide. Doucement, je me suis installée à côté de lui pour savoir ce qui n'allait pas : « Chéri ?! Tout va bien ?! » Il a tourné la tête pour me regarder, avant de me prendre la main et de l'apporter à ses lèvres pour l'embrasser. Puis, il m'a attiré contre lui - ma tête posée contre son épaule. Et nous sommes restés comme ça pendant un bon moment - avant qu'il ne se décidé à me répondre : « Avant de te répondre, promets-moi de garder pour toi ce que je vais te dire. » J’acquiesçai, ça devait être quelque chose de grave si il voulait que je garde le secret.