GOUVERNEMENT, L'ORDRE NOUVEAU. (3/3 LIBRES)

- Palerme voit la naissance de la blondine. premier éclat de paupière quand gronde le canon de plusieurs flingues. lachée à la terre des mafieux, au sud où les façades sont rouges du sang d'inconnus.

- des parents assassinés devant ses yeux. des dettes non remboursées. petite fille qui ne passe pas sous l'arme de l'inconnu. garçon tremblant. jeux de regards et c'est la promesse de sa mort prochaine, de retrouver le coupable. non pas pour venger les vieux, non, mais pour leur montrer qu'ils se sont trompés, qu'ils l'ont oublié. gamine qui se veut princesse d'un royaume barbouillé de sang.

- études de médecine. la volonté de dominer les corps, la vie et la mort. avoir le dessus sur quelque chose, n'importe quoi. prouver sa valeur, encore une fois. elle réfute l'idée de la "femme", de l'être inférieur. major de sa promo.

- mariée à l'un des monarques italiens. elle se laisse bercer d'illusions, croit pouvoir changer le monde. devenir épouse, devenir égale. c'est la dégringolade des idées. sous le joug de l'époux, sous les coups du mâle. elle se défend, une fois, deux fois, elle assassine sans comprendre son acte. elle termine à la rue, loin de la ville du mariage. veuve d'un mafieux, une proie de choix. elle est récupérée par plusieurs personnes, inconnus se présentant comme étant le gouvernement.

- trente huit ans. installée à Florence depuis un ans. elle joue encore un rôle mineur dans l'organisation qui se met en place. c'est une toile qu'elle aide à tisser, tout un réseau de communications, de relations. elle grimpe les échelons, écrase les hommes, prouve que la couronne peut être pour la femme.

- L'enfant meurt dans le lit de cristal, d'un père violent, unique figure parentale, l'enfant enfermée dans une cage, près de la chambre du bourreau. Du monde elle n'entrapercevait qu'un ruisseau de lumière du haut de sa fenêtre aux barreaux d'argent. Pour te protéger des horreurs de ce monde ma jolie fée.

- Les coups, le coup, il est parti, de trop. Elle était habituée à ce carnage se gravant sur son corps de marbre, rayures écarlates, os brisés dans la démence d'un paternel aimant, de trop aussi. La fillette est fracassée cette nuitée là, et la lune qu'elle touche de ses doigts, l'apparition céleste d'un homme, d'un prince, autre que le tsar de sa maigre existence. Elle ferme ses paupières, se réveille.

- Dans une chambre lumière, la porte ouverte, elle s'arque sur le visage enténébré d'un mentor austère. De souvenirs de sa captivité elle n'en a aucun, quelques rêves, cauchemars dont elle se réveille, affolée créatures suant la peur, l'angoisse d'un monstre nébuleux, à l'ombre menaçante. Première nymphe sillonnant les couloirs du foyer faussé, elle sent la solitude pendant quelques mois, avant d'ouvrir ses bras aux autres soeurs, aux jumelles carmines, tout autant perdues qu'était Haidee.

- Gamin introverti, il aimait s’asseoir sur le banc à la cours de récré, la réputation n'a pas tardé, les doigts pointés, puis les moqueries, les remarques ; au collège on l'ignora. Lui ne chercha pas à s'intégrer, les livres pour seule compagnie, des amertumes aux lèvres quand on osait s'adresser à lui. D'un bouc émissaire stoïque, inintéressant. Il a observé le monde, a craché au Graal d'une société honnie.

- Révélation être un professeur pour ces agneaux perturbés d'images saturés, malveillantes, prof de collège, puis de lycée, la philosophie comme matière de prédilection. Amateur d'art, il ouvre l'esprit de ces enfants brisés par une société viciée. Il rencontre la femme de sa vie, un sourire, une main sur l'épaule, c'est les yeux, agates flamboyantes d'intelligence, de compassion ; mademoiselle a dix années de moins mais l'esprit sage. La bague a son doigt, l'amour aux gestes tendres. Elle trépasse d'une injustice, maladie figée dans la poitrine.

- Quinze années d'errance, l'homme fait le tour du monde, il partage des cultures, s'abreuve de langue, il écrit, et retourne à Florence. L'appartement habité par un recruteur, on le tente, on lui présente la douceur spectrale d'une fillette oubliée, massacrée. Il dit oui pour l'éduquer, pour éradiquer la plèbe de ces engeances sataniques.